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Antonio Pinelli – Souvenir. L’industria dell’antico e il grand tour a Roma – 2010

Antonio Pinelli
Roma-Bari, Laterza, 143 pp., € 20,00

Anno di pubblicazione: 2010

C’est à un voyage intéressant et délicieux que nous convie ce livre. Un voyage dans l’Italie du XVIIIème siècle, en compagnie des amateurs du Grand Tour avides de découvrir une Italie que, comme comme l’écrivait Horace Walpole «la nostra memoria vede più dei nostri occhi». Le petit livre d’Antonio Pinelli, remarquablement illustré, nous invite à comprendre les relations entre les hommes, les objets et les lieux à l’aube de la modernité. On y voit s’esquisser le tourisme, l’élaboration du goût, entre collectionnisme et naissance d’une «industrie de l’antique», lieux d’une négociation entre les acheteurs, riches Anglais, souverains étrangers comme Catherine II de Russie ou Gustave III de Suède et les artistes se transforment en «entrepreneurs» de l’antique. Le livre s’ouvre sur la formidable aventure du Westmoreland, navire arraisonné par les Français en 1779 et qui permet à l’auteur de dresser un portrait de ces voyageurs anglais amateurs d’art, de leur cargaison bourrée d’oeuvres, jusqu’à l’incroyable histoire de ces reliques de martyrs acheminées secrètement en Angleterre, cachées dans un chapiteau en marbre destiné à Lord Arundell. On rencontre, dans ce voyage, les inévitables portraitistes comme Pompeo Batoni qui fit le portrait de dizaines de voyageurs, les intermédiaires comme Reiffenstein, agent de la grande Catherine à Rome et habile rabatteur d’œuvres et d’artistes. Rome fut l’épicentre de ce mouvement, et, on le sait, les plus illustres voyageurs s’y rendirent, tel Goethe, qui rencontre Angelica Kauffmann, qui se fait peindre par Tischbein dans la Campagne romaine, et qui découvrit la Rome antique, mais aussi la Rome pontificale. Rome qui était alors «colonisée» par les Anglais, mais aussi les Allemands et les «Nordiques», regroupés autour d’artistes, de lieux mais aussi de circuits commerciaux, antiquaires. Rome, enfin, qui était l’inépuisable réservoir d’objets antiques retrouvés au cours de fouilles plus ou moins licites. Et face à la pression de la «demande» pour l’antiquité, les artistes, artisans s’organisent. Des plus grands (Piranèse) aux moins connus (l’Ecossais Gavin Hamilton), tous s’organisent pour satisfaire ces exigeants acheteurs. De la fabrique des faux antiques aux reproductions en biscuit (effectuées par Giovanni Volpato), aux ouvrages illustrés, aux maquettes des monuments antiques c’est toute une «industrie» tournant autour de l’antiquité qui se met en place à Rome pour nourrir des voyageurs toujours plus nombreux. Mais, à la différence d’aujourd’hui, tous ces objets étonnants (éventails peints, micro-mosaïques, plats peints de vues de Rome…) sont d’une facture, d’une beauté surprenantes. Ecrit avec élégance, d’une érudition sans pesanteur, doté d’illustrations qui accompagnent commodément le texte, ce livre est une merveilleuse introduction à l’univers du Grand Tour et des «connoisseurs». On aurait bien aimé, quand même, trouver une conclusion qui remette dans une perspective sociale, artistique et peut-être politique cet incroyable engouement pour l’Antique (et pour l’Italie) qui marqua deux générations d’Européens et ouvrit la porte au néo-classicisme des Canova et David.

Catherine Brice