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Attilio Brilli – Il viaggio della capitale. Torino, Firenze e Roma dopo l’Unità d’Italia – 2010

Attilio Brilli
Torino, Utet Libreria, XIX-152 pp., € 15,00

Anno di pubblicazione: 2010

L’Italie aura eu l’étrange destin d’avoir pas moins de trois villes capitales dans un arc de temps bref, entre 1861 et 1870. Turin, d’abord, capitale du royaume de Piémont-Sardaigne, qui abrita le premier Parlement subalpin et qui eut le privilège d’être le lieu à la fois de la concession du Statuto qui faisait du pays une monarchie constitutionnelle et le lieu de la proclamation du Royaume d’Italie, le 17 mars 1861. Florence ensuite, capitale «politique», résultant des tractations de la Convention de septembre entre la France et l’Italie, sorte de capitale médiane fondée sur des incompréhensions ou des non-dits. Et Rome, bien sûr, dès 1871. De ces trois capitales, deux étaient des villes anciennes, chargées du poids de l’art et du temps: Rome et Florence appartenaient, en fait, tout autant au monde entier qu’à l’Italie. Turin, en revanche, un temps capitale nationale, se trouva renvoyée, dans la douleur, au rang de capitale provinciale, statut qu’elle tenta de dépasser en s’imposant comme capitale manufacturière, se trouvant ainsi en concurrence avec Milan. Pour saisir ces destins singuliers, Brilli retrace les réactions de voyageurs étrangers, européens pour la plupart, mais aussi nord-américains. Des voyageurs qui, de leurs points de vue, sont dépossédés des capitales artistiques que sont Rome et Florence, au profit d’une modernité souvent qualifiée de «barbare». Si le cas de Rome est le mieux connu, tant les protestations de Grimm ou de Gregorovius ont été entendues et discutées, les transformations de Florence ou de Turin sont elles moins commentées. On ne s’étonnera pas que la déploration des travaux dans Florence capitale soit surtout le fait des Anglais et des Américains qui en avaient fait, depuis la fin du XVIIIème siècle, une ville de prédilection. D’Henry James à Ruskin, mais en passant par Rilke, Théophile Gautier et Dostoïevski. Quant à Turin, ville souvent oubliée des voyageurs, et qui ne répond pas à ce qu’ils attendent de l’Italie Brilli lui consacre quelques pages fort intéressantes. Géométrique, industrieuse elle paye de n’être pas de la couleur locale qu’on attend dans la péninsule. Mais le rôle joué par la capitale piémontaise dans l’unification du pays lui conféra davantage une place dans la mémoire historique des Italiens et des voyageurs. Rome enfin qui fut l’objet d’une déploration commune aux étrangers et aux Italiens, condamnant les transformations de la capitale aussi bien d’un point de vue de «connaisseur» qu’avec des sous-entendus politiques ou religieux. Les descriptions de Rome recouvrent aussi bien la critique esthétique, que la critique sociale que un sentiment croissant de désarroi face à cette Italietta de la spéculation immobilière et de l’architecture éclectique qui renvoie autant à un sentiment de décadence qu’à une vision déçue de ce que pourrait être une nouvelle capitale nationale. Et, bien plus que Florence ou Turin, Rome est l’otage d’une certaine vision de l’Italie. Brilli, grâce à des extraits fort bien choisis et souvent peu connus ou peu cités, retrace ainsi cette difficile fabrication de l’Italie unifiée de manière vivante et fort intéressante.

Catherine Brice