Cerca

Angelo d’Orsi (a cura di) – Gli storici si raccontano. Tre generazioni tra revisioni e revisionismo, con la collaborazione di Filomena Pompa – 2005

Angelo d’Orsi (a cura di)
Roma, Manifestolibri, pp. 390, euro 30,00

Anno di pubblicazione: 2005

Issu d’un colloque qui se tint à Turin en mars 2003, ce livre passionnant se situe aux confins d’un genre inauguré par Pierre Nora en 1987, l’ego-histoire, et d’un travail d’historiographie centré autour des deux concepts complémentaires de révision et révisionnisme. Le terme de révisionnisme doit être toutefois bien précisé tant il a été entaché par les travaux révisionnistes/négationnistes sur la Shoah. Ici il s’agit bien sûr au fond d’expliquer pourquoi et comment les historiens ne font (presque) jamais la même histoire. Que les questions posées diffèrent et évoluent, que les systèmes d’explication canoniques vieillissent, que les sources disponibles s’enrichissent, l’histoire de l’histoire en train de se faire est toujours d’un très grand intérêt.
L’avantage de coupler l’aventure personnelle des historiens et la présentation de ce qu’ils considèrent comme les apports principaux de leur recherche à la révision de l’histoire réside dans la présentation souvent claire de leurs principaux acquis et une exposition honnête de leurs itinéraires. On voit ainsi s’entremêler des motivations d’ordre institutionnel ou personnel, le contact avec des historiographies étrangères qui parfois se révèlent décisives, la décision d’adopter des méthodes issues de disciplines proches qui consentent de porter un nouveau regard sur les sources et les objets. On voit aussi comment la transformation du contexte politique et social auquel les historiens ne sont jamais étrangers peut amener à reformuler des interrogations, ou même à rendre possible des questions qui jusque là n’avaient pas été posées. L’intérêt de ces ego-histoires scientifiques, c’est aussi de voir se dessiner les réseaux de pouvoir universitaire qui ont présidé aux débuts des carrières, l’influence des grands maîtres et, petit à petit, l’autonomisation des itinéraires et des travaux des élèves?
Il n’est pas possible de reprendre ici en détails les contributions des quelques 27 intervenants, issus de générations et d’horizons intellectuels différents, tous ayant néanmoins en commun de s’intéresser à l’histoire italienne du Risorgimento jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Ce serait en effet profondément injuste de faire un choix dans ces contributions qui sont autant d’itinéraires différents vers le renouvellement des domaines de recherche. Les ?révisions? qu’ils décrivent sont, pour certaines d’entre elles, désormais considérées comme acquises, d’autres sont encore objet de débats. Ce livre démontre avec force la vitalité de l’historiographie italienne qui a su se dégager des systèmes d’explication parfois trop rigides pour aller butiner avec bonheur et talent hors des sentiers battus, pour mieux affronter les questions essentielles de l’historiographie péninsulaire.

Catherine Brice