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Celebrare il Risorgimento. Collezionismo artistico e memorie familiari a Torino, 1848-1915,

Silvano Montaldo
Torino, Comitato di Torino per la Storia del Risorgimento italiano-Carocci, 132 pp., € 23,00

Anno di pubblicazione: 2013

Cet ouvrage, érudit mais accessible, a le grand mérite de renouer deux moments, rarement étudiés ensemble, de la construction d’une mémoire nationale par les beaux-arts, et les arts décoratifs, que sont d’abord la peinture de guerre, la peinture commémorative puis les musées de «storia patria» et les grandes expositions nationales exposant, aux côtés des tableaux et des sculptures, ces «reliques» des guerres d’indépendance qui font la spécificité des musées d’histoire. Le livre de Montaldo parcourt donc avec précision cette réinvention de l’idée nationale. Que le sujet du livre soit Turin n’en fait pas pour autant un travail d’histoire locale puisque, d’abord capitale du Piémont puis du Royaume, Turin pour l’a. reste le moteur de l’élaboration du récit national, le lieu de la modernisation de ce récit, du passage dynamique et non désenchanté de la poésie à la prose du Risorgimento. Ainsi de l’évolution de la peinture d’histoire et de la décoration commanditée par la Maison de Savoir pour le Palais Royal de Turin, de Charles-Albert à Victor Emmanuel II, en passant per les vicissitudes de la Mole Antonelliana qui de synagogue, puis musée de l’émancipation israélite, s’était engluée dans les problèmes de financement, pour devenir sous l’impulsion de Tommaso Villa le Temple du Risorgimento, de la célébration de l’épopée nationale de l’exposition de 1884 à la naissance des musées locaux du Risorgimento au tournant du siècle, sans oublier ce Musée d’Azeglio, «temple de l’histoire des modérés», bien moins connu, on retrouve les grandes articulations et les grands débats de ce récit contesté de la nation. Le débat sur la «nature» du Risorgimento d’abord: vision dynastique ou démocratique? Et comment se noue la version monarchico-populaire chère à Crispi? Débat sur les modalités de représentation visant à provoquer enthousiasme, attachement ou fierté: la peinture, mais quelle peinture? Celle se réfère au passé ou celle qui peint le présent, les batailles, la mort et les victoires? Ou bien, dépassant la «froide rhétorique» des vecteurs traditionnels, faut-il inclure dans les musées des objets, des souvenirs, que les vétérans des guerres d’indépendance s’empressèrent de transmettre lorsqu’on leur demanda, en 1884. Ou bien faut-il célébrer la nation en se tournant résolument vers l’avenir, vers ses réalisations modernes et c’est le sens que prend, en 1911, le choix de Turin célébrant l’industrie – laissant à Rome l’art et à Florence…la portion congrue. A la veille du centenaire de la Grande guerre, ces questions, inhérentes à toute commémoration, restent d’actualité, ce qui donne au beau livre de Silvano Montaldo un intérêt supplémentaire. Deux regrets toutefois: le titre, qui ne rend qu’imparfaitement compte du contenu de l’ouvrage. Et l’absence d’illustrations, ce qui, pour un travail tournant autour des arts visuels et de la «représentation» de l’histoire italienne, reste gênant.

Catherine Brice