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Fulvio Conti – Cultura civica e patriottismo. Storia della Fratellanza militare di Firenze, 1878-1967 – 2001

Fulvio Conti
Venezia, Marsilio, pp. 179, euro 22,72

Anno di pubblicazione: 2001

Fulvio Conti a, souvent, insisté sur l’importance de l’associationnisme volontaire dans le processus de politisation et de démocratisation de l’Italie à la fin du XIXème siècle. Avec la Fratellanza militare di Firenze, il peut, sur près d’un siècle, étayer des hypothèses que l’absence d’archives rend souvent fragile. Grâce aux documents qu’il a consultés, il peut répondre à un certain nombre de questions importantes: quelle place joue l’associationnisme dans le processus ?civique? et politique? Qui en fait partie? Comment les missions de la Fratellanza militare évoluent-t-elles dans le paysage social un siècle durant? Avec l’étude de cette association originairement formée d’anciens combattants des guerres nationales, née en 1878, il est en mesure de présenter une monographie à bien des égards exemplaire. En théorie ?apolitique?, la Fratellanza s’affirma longtemps philo-monarchique. Conti met clairement en lumière dans les activités de l’association tout ce qui, à côté de sa mission propre, participait d’une pédagogie patriotique et nationale. Durant les années du Ventennio fasciste, la Fratellanza résista longtemps à la fascisation: il faut attendre 1940 pour assister à un véritable tournant ?philo-fasciste? dans la direction de l’organisation. Après 1946, dans un climat de très forte conflictualité, la Fratellanza connut les plus grandes difficultés à maintenir son caractère apolitique tel qu’il restait défini dans les statuts. Sa composition sociale, en fait, n’est alors pas très différente de ce qu’elle était au XIXème siècle avec une majorité d’artisans, d’employés, d’enseignants, de commerçants et ouvriers. La seule différence notable est la disparition, après 1919, de la composante aristocratique qui avait joué un rôle de tout premier plan dans la première période de la Fratellanza. A ces difficultés politiques s’ajoutèrent crise du recrutement et problèmes financiers. En 1952, de nouveaux statuts mirent fin au caractère ?militaire? de l’association en acceptant ceux qui n’avaient pas fait leur service, ainsi que les femmes. La Fratellanza continua à remplir son rôle ?récréatif et éducatif? en multipliant les initiatives. L’évolution du système d’assistance publique, la non-rentabilité des services de transport médical, la menace d’absorption dans la Croix-Rouge italienne incitèrent, en 1964-1966, ses dirigeants à envisager des transformations drastiques. Celles-ci ne furent jamais mises en ?uvre et, en 1967, une réforme définitive marqua la fin de cette association.
Au c?ur de la réflexion de Conti, les thèses de Putnam sur le lien entre associationnisme et sens civique. L’exemple florentin montre à la fois la place jouée par cette Fratellanza dans le culte de la patrie et du Risorgimento, et dans le tissage de ce lien unitaire opéré par l’associationnisme bourgeois et populaire. Renforcement donc du sens civique effectué par cette organisation laïque et ?pro-système? ? mais est-ce tellement différent de l’action menée par la grande organisation catholique de la Misericordia, au même moment, et en accord avec la Fratellanza? Le livre de Conti dépasse largement le cadre d’une simple monographie et il permet de donner des éléments de réponse importants aux questions posées tant à la fonction de l’associationnisme dans les processus d’inculcation des valeurs civiques qu’aux modalités de politisation de l’Italie post-unitaire ? jusqu’à aujourd’hui.

Catherine Brice