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L’architettura coloniale in Tunisia. Dall’orientalismo all’art déco, 1881-1942

Luca Quattrocchi
Milano, Bruno Mondadori, 158 pp., € 17,00 libro

Anno di pubblicazione: 2013

Cet ouvrage court et bien illustré, écrit par un professeur d’architecture et d’histoire de l’art de l’Université de Sienne, aborde la question de l’architecture coloniale à travers l’exemple de Tunis dans une perspective essentiellement stylistique. L’objectif est de suivre l’émergence et l’évolution d’une architecture coloniale, depuis le mépris affiché des premiers colonisateurs pour l’urbanisme local jusqu’aux tentatives de création d’une architecture inspirée des nouveaux courants européens et adaptée au genius loci, concept cher aux urbanistes mais intraduisible, d’un point de vue épistémologique, dans la science historique. Le format réduit de l’ouvrage par rapport à ce qu’à dû représenter l’étude originelle conduit l’auteur à fonder son analyse sur l’étude d’un échantillon relativement restreint d’édifices. Bien écrit, la nouveauté revendiquée de l’ouvrage reste cependant à nuancer, étant donné le nombre de plus en plus important d’études récentes sur ce thème, que l’auteur ne cite malheureusement pas pour la plupart.
Au delà de l’effet de catalogage et de la volonté de sensibilisation envers un patrimoine en voie de disparition, le choix rédactionnel pose cependant, à sa manière, la question récurrente en histoire urbaine de la place de l’esthétique dans la prise en compte du contexte général. A cet égard, il est exemplaire d’un filon historiographique qui, en privilégiant exclusivement la description des formes urbaines d’un point de vue architectural, omet de les considérer comme des objets d’histoire globale, c’est-à-dire comme des phénomènes analysables sociologiquement, économiquement et politiquement – dans le sens le plus large de ces termes, ainsi que l’avait déjà montré Maurice Halbwachs. Il est ainsi dommage que l’ouvrage ne replace pas au moins le travail de ces architectes dans le grand mouvement de construction populaire de la Tunisie des années 1920 et 1930. L’effet de loupe induit par la focalisation du regard sur des architectes professionnels, selon des critères de talent artistique, ne permet ni de saisir les facteurs économiques, ni les contraintes institutionnelles qui conduisent au passage d’un goût à l’autre et permettent à nombre de petits entrepreneurs en bâtiment, voire de simples propriétaires, de consolider leur position dans la société coloniale (Cfr., à titre d’exemple, C. Giudice, Architectes et entrepreneurs italiens au Maghreb: une expertise qui s’exporte, in E. Godoli et alii, Architectures et architectes italiens au Maghreb, Firenze, Polistampa, 2011, pp. 25-34). Qu’il s’agisse d’un choix de l’éditeur ou de l’auteur, l’ouvrage se présente ainsi davantage comme un catalogue de réalisations plus que comme une étude à part entière des ressorts de la mutation urbanistique que connu Tunis pendant la période. Souhaitons que cet ouvrage, qui vaut surtout comme une introduction à la question du style et dont l’intérêt principal est de faire réémerger l’oeuvre d’architectes oubliés, incite à dépasser la frontière par trop artificielle entre une histoire de l’art pour l’art et une histoire urbaine souvent intimidée ou mal à l’aise sur le terrain stylistique.

François Dumasy