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Vittorio Vidotto – Roma contemporanea – 2001

Vittorio Vidotto
Roma-Bari, Laterza, pp. 510, euro 28,82

Anno di pubblicazione: 2001

L’ouvrage de Vidotto est un livre d’historien, sérieux, remarquablement informé, et qui livre enfin une histoire de Rome capitale d’Italie qui intègre à la fois les aspects politiques, économiques, sociaux et symboliques. Mais c’est aussi un livre polèmique, parfois provocateur, et qui cherche à rompre avec la vision souvent proposée d’une Rome ruinée urbanistiquement, et socialement, par la période libérale d’abord, puis par le fascisme. L’auteur essaie ici de faire les comptes avec la réalité et l’ampleur des changements qui sont intervenus dans la capitale. Autrement dit, de mettre en relation les transformations politiques et économiques avec les évolutions urbanistiques. Pour la période suivant 1870, Vidotto met bien en évidence l’énorme transformation menée à bien par le gouvernement italien, malgré des problèmes financiers réels et l’antagonisme ouvert avec le Conseil municipal longtemps aux mains des catholiques libéraux. Les interventions financières du gouvernement central étaient surtout destinées à renforcer le pouvoir de contrôle de l’Etat sur une ville dominée par les catholiques, sans tenir compte réellement de l’évolution de la forma urbis. Sans remettre en cause la force de la spéculation immobilière, l’auteur rappelle qu’elle se déroula sans exclusive politique ou nationale. Tout le monde y trouva son compte? Pour la période du Ventennio fasciste, la démarche de Vidotto est particulièrement claire: relire, à la lumière de la double injonction de Mussolini pour Rome, la necessità e la grandezza, l’ensemble des opérations effectuées à Rome. Et en leur redonnant une cohérence qui a longtemps été niée car la seule clé de lecture retenue était celle de la ?propagande de la romanité?. Si l’auteur minimise sans doute le ?coût social? des grandes opérations de prestige du Régime, il n’en rappelle pas moins avec justesse que la Rome post-unitaire, soumise à une pression démographique intense, avait déjà érigé en système l’habitat précaire qui devint, avec les borgate, une solution ?officielle? et contrôlée, mais pas nouvelle. La partie sans aucun doute la plus controversée de la démonstration de Vidotto se trouve dans ses pages consacrées à la Roma democratica e cristiana où il met en évidence à la fois la politique de spéculation immobilière de la Démocratie chrétienne et l’attitude de la Gauche. L’auteur dénonce une lecture de l’histoire de Rome menée autour d’une mono-causalité: la spéculation immobilière. En cela, il s’inscrit en manifeste opposition avec les travaux de I. Insolera ou de A. Cederna qui étaient des condamnations sans appel de la politique urbanistique et édilitaire depuis 1870 jusqu’aux années ’60. Au début de ce troisième millénaire, Vidotto insiste sur la différence entre une capitale religieuse, et une capitale politique encore fragile et au sein de laquelle le rôle de la Municipalité pourrait être décisif. Si certaines des thèses de Vidotto méritent sans aucun doute un débat scientifique, on ne peut que lui être reconnaissant de nous livrer une histoire globale de Rome capitale, en essayant de dépasser cette lecture symbolique qui interdit souvent de comprendre les ?vrais? problèmes d’une grande ville en pleine transformation. Et l’on peut espérer que le débat qui ne manquera pas de s’établir portera, lui aussi, sur l’avenir de Rome et non sur la seule relecture du présent à l’aune du passé.

Catherine Brice