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Giovanni Montroni – La società italiana dall’unificazione alla Grande Guerra – 2002

Giovanni Montroni
Roma-Bari, Laterza, pp. 204, euro 19,00

Anno di pubblicazione: 2002

Ce livre est né de la contribution de l’auteur au volume 2 de la Storia d’Italia publiée par le même éditeur en 1995. Disons d’emblée que le chapitre alors intitulé Le strutture sociali e le condizioni di vita a subi de fortes transformations pour devenir la brève et stimulante synthèse qui est proposée.
Le point de départ se veut révisionniste: prendre à contre-courant le débat sur la nationalisation des Italiens. Or, écrit Montroni, avant de se demander comment ?fare gli Italiani? encore faudrait-il savoir si l’Italie est faite. En réalité l’auteur s’intéresse classiquement et légitimement aux structures sociales et territoriales qui ont justement permis la fabrication des Italiens dans le nouvel État-nation en soulignant les différences entre ?l’Italia immaginata dai padri della patria? et ?il paese reale?. Ainsi dans cet inventaire des difficultés de l?unification on peut se demander où se situe l’originalité revendiquée de son regard, sauf à considérer qu’il fallait mettre autre chose que du politique, du militaire et du symbolique dans le constat que la fabrication de l’Italie précédait celle des Italiens réels.
Il reste que la démonstration de Montroni, pour classique et traditionnelle qu’elle est malgré ses postulats, apparaît pleinement réussie. En 7 chapitres est brossé un tableau des grandes mutations de la société post-unitaire, des résistances et des obstacles à la modernisation et des divers rapports de force en présence. La redistribution des activités productives et commerciales aboutit à de nouvelles hiérarchies territoriales dans lesquelles les villes abandonnent ou redécouvrent des fonctions. Les rythmes de la société rurale ? qui nous semble au passage trop systématiquement assimilée au monde agricole ? sont reconstitués avec minutie autour d’une périodisation nette destinée à éclairer d’un jour nouveau le poids de la crise de fin de siècle. Les élites de cette société en bouleversement sont toujours marquées par l’aristocratie et la rente foncière qui rendent difficilement acceptable dans les mentalités l’émergence des notabilités industrielles. Ce monde qui tend à devenir homogène autour du genre de vie bourgeois est marqué par de profondes lignes de fracture comme l’émigration et la question méridionale, dont on observera qu’elle est abordée en situation, disséminée au fil de chaque chapitre, ce qui en rend l?évocation plus efficace et plus neuve. On regrettera toutefois le peu de cas accordé aux horizons culturels, symboliques et religieux alors même que l’introduction insistait sur l’importance du catholicisme et de l’analphabétisme. L’école – vecteur social et politique de nationalisation s’il en est- est pourtant une clé de lecture de cette société imparfaitement mais réellement sécularisée. Ces volets auraient mérité un vrai développement par rapport à la version initiale pour mettre le texte actuel en conformité avec son titre.
Le livre de Montroni est riche de données statistiques et le récit intègre, ordonne et interprète une riche historiographie, italienne pour l’essentiel selon l’auteur, avec le souci d’équilibrer géographiquement les exemples monographiques en les opposant et en les distinguant. Cette variété de références est précieuse et accompagne avec efficace les efforts réussis de typologie et de périodisation de ce tableau des réalités sociales de l’Italie libérale.

Gilles Pécout